Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

JDM Dunkerque

6 octobre 2008

Journal de marche du voyage à Dunkerque

Mardi 23 septembre

 

   Le récit commence  au moment  où  j'arrive  au péage d'autoroute  que j'avais réussi à rejoindre à la sortie  de Toulouse.  j'ai pris une photo à ce moment là, elle est  dans le diaporama.  Il se termine  à mon arrivée à Gand.

 

  IL y a la police à ce péage ! Je demande l’autorisation d’ auto- stopper et m’installe juste devant les motards. Je ne pouvais me mettre plus loin car les policiers me masqueraient et plus prés car les ils étaient eux aussi devant les cabines.

  A voir les tètes que faisaient les automobilistes j’ai vite compris que je perdais mon temps. Je m’en doutais mais la situation était suffisamment insolite pour ne pas la créer. Après dix minutes j’abandonnais mon « sketch » pour aller me laver et manger.

  Premier shampoing à l’eau froide dans une toilette publique ! Le bas attendra mais je lave le haut pour au moins avoir belle tète et ne pas sentir sous les bras. Après le « repas » je rejoins le péage : les flics sont partis ! J’y stoppe donc, et qu' arrive-t-il? quarante minutes plus tard un joyeux gars s’arrête. Je dis : « je vais a Paris… » et il me dit… « ok montez! »

          Et bien je vais vous dire: cela fait vraiment plaisir ! Depuis presque 24 heures que je passe de voiture en voiture en faisant cinquante à soixante kilomètres à chaque voyage avec des difficultés à plusieurs niveaux je commençais à épuiser ma patience. (En voyant sur la carte le trajet parcouru et celui qui restait à faire il y avait de quoi avoir peur). Et tout d’un coup hop! Je suis en route pour Paris à fond la caisse. Et sympa le type. Pas vraiment bavard mais sympa.

 


          Après trois heures de route il a voulu dormir un moment sur une aire d’autoroute. Je suis donc sorti de la voiture pour aller faire la …. Grosse commission. Mais j’étais constipé! Je me trouva donc à forcer pour dégager le bouchon dans des toilettes fréquentées avec la porte découpée a trente centimètres du sol. L’impression d’être au milieu des gens n’aide pas à ce concentrer sur l‘ affaire.

  Entre temps l’idée m’est venue que mon « chauffeur » pouvait partir avec tout mon équipement et les cent Euros que j’avais laissés dans le sac. Comme je n’avais que trente Euros sur moi et un petit polo j’avais la désagréable sensation que j’allais découvrir en sortant que la voiture avant disparue.

  Après un gros effort je débloque ma situation intime et sors des toilettes rapidement. Et que vois-je, tout juste sorti du magasin devant moi : mon acolyte bardé d’un franc sourire ! A croire qu’il a deviné ma mésaventure et se fiche de moi.

  Nous repartons donc pour Paris qui n’est plus qu’a deux cents kilomètres. Arrivé prés de Paris, il m’explique qu’il y a souvent des embouteillages et que nous pourrions rouler au pas dés maintenant, à trente kilomètres du périphérique…Mais que nenni! Nous roulons, roulons, et il dit au bout d’un moment: « je ne suis jamais allé aussi vite! ».

  Propos imprudents. Car crac! Bien sûr.... Un bouchon. « C’est pas vrais…. c’est pas vrais..…» murmure marmonne-t-il.. Et le père noël passe encore une fois: cinq cents mètres à quarante km/h et nous filons à bonne allure. nous passons sur des portions d’autoroute de plus en plus larges : dix voies, onze voies, douze voies. Ils pourront bientôt rajouter des voies en sous sol pour faire mieux.



  Je constate que les murs du périphérique ont bien consciencieusement accumulé le carbone des gaz d’échappement depuis les dix-sept ans qui séparent aujourd’hui de ma dernière visite en voiture. Les blanches couleurs de béton frais ont viré en un noir sinistre couvrant tout et nivelant les reliefs comme un voile velouté et cotonneux. Cela me rappelle l’ambiance de Henki Bilal, pas assez connu dessinateur de bandes dessinées.

  Il me laisse donc prés d’une bouche de métro, devant laquelle une assez belle prostituée frissonnait de froid. Le temps de téléphoner à ceux qui s’inquiètent pour moi, j’ai pu voir passer un s.d.f. encore plus authentique que ceux de Toulouse ou Bordeaux. Mon ancien compagnon de route habite dans un apparemment bien agréable quartier, digne du musicien quinquagénaire qu’il est.

  Vu l’heure, dix neuf heures trente, je décide d’aller directement à la gare de l’est qui est sur la ligne de métro que je vais emprunter. Chance! C’est a l’autre bout de Paris ! J’ai tout le loisir de revoir le métro avec ses bruits, ses gens…. Et je débouche a l’air libre prés de la gare.

  Flash surprise que de plonger le soir dans Paris avec ses odeurs, son ambiance agitée, ses lumières multiples et vivantes…De plus la nuit amplifie les effets comme les montagnes le fracas d’un tonnerre d’éclair.

    Après contemplation je rejoins la gare, toute neuve, toute propre et bien rangée comme un jouet d’enfant resté dans son paquet cadeau. Ceux qui ne peuvent apparemment pas profiter de ce grand espace protégé des intempéries sont les s.d.f... Il n’y en a aucun nulle part.

      Cet endroit ressemble à un appartement tout juste fini de peindre. IL n' y a pas de vie, pas d'âme. Dans la journée cela doit changer, bien sûr. Mais je ne le verrai pas. Ce soir ou demain matin à la sixième heure je serai parti.

Je cherche donc des horaires et des tarifs, des plans de banlieue. En vain ! A part les départs et leurs destinations finales aucun détails. Je vais au seul point de vente de billets visible (posé tout seul ,au milieu, rien devant, rien sur les cotes) de toute la gare (enfin le secteur ou j‘étais). Je demande comment arriver à la petite ville qui me sembla la plus proche du péage qui devrait exister prés de l’aéroport de Roissy.

  L’ employé du guichet ne m’a jamais donné une réponse claire. Il m’indiqua par contre en insistant d’aller à une ville, je ne me souviens plus laquelle qui n’avait apparemment aucun rapport avec ma destination.

  Je laisse donc tomber et reprend l’exploration de la gare. Au sous sol vaste et très profond, désert, sans poteaux et sans aucun élément apaisant comme une machine a café, un distributeur de friandises je découvre enfin une carte. Du coup, c’est facile : ligne D, station Goussainville, banlieue extrême nord.

  Je suis content, j’ai trouvé. Je n’ai aucun horaire, mais ce n’est pas grave : il est vingt trois heures trente, plus aucun train ne partira. Je prendrai le premier train demain matin.



IL n’y a personne, je suis dans un désert total. Soudain au gars m’aborde, jeune, cordial, avenant et « bronzé » comme dirait le français moyen.

  Il me demande où je vais. Je le luis dis et lui demande quels sont les horaires de départ pour Goussainville. Pour me répondre il m’explique que les trains partent à cinq heures, que les guichets ne sont ouverts qu’a six heures et que j’ai intérêt à acheter mon billet maintenant.

  Il me dit qu’il faut une carte de paiement et m’offre d’utiliser la sienne pour payer mon billet. Et crac ! Il affiche par magie sur l’écran une sélection d'achat pour un billet de train à vingt deux Euros, insère sa carte pou payer, valide, récupère un ticket dans le bac de la machine et me le donne.

  Il m’explique qu'il ne me reste plus qu’ a lui rembourser l’argent qu’il ma avancé avec sa carte. C’est une arnaque bien montée, ma foi. Le ticket RER coûte un Euro soixante ! Je l’ai écouté gentiment, ayant du mal à suivre car il parlait vite et de façon confuse, me retrouvant quand il eût fini dans la sensation de n’avoir pas tout compris et tout mélangé.

  Puis je trouve une parade: je lui dis que je n’ai pas du tout de monnaie. Cela lui pose un problème ! Sortir pour changer un gros billet alors que tout est fermé dehors ou conclure que je n’avais pas un rond sur moi compliquait son affaire plus qu' il ne pouvait le supporter.

  Il devint de plus en plus confus et finit par s’apercevoir que je n’avais plus son billet à vingt deux Euros dans la main. Là il s’exprima plus clairement : « vous n’avez plus votre billet ? Ou est -il? » Moi, abruti, je regarde autour de moi en cherchant vaguement. Prestement il retrouve le billet au pied de la machine et me dit qu’il faut que je le garde, que j’en ai besoin pour partir et qu’il faudrait que je le rembourse.

  Je le regarde bêtement et lui dis exactement comme la fois d’avant « mais je n’ai pas de monnaie… » Là il craque , me dis que ce n’est pas grave , qu’il pourra utiliser le billet, qu’il a fait des soins de psychologie car il ne peut s’empêcher d’aider les gens quelque soit l’heure ou le lieu. Je lui dis merci avec un grand sourire et repars vers la sortie, ou plutôt les escaliers et les grandes esplanades couvertes de la gare, si vastes qu’on a l’impression d’être dehors.


IL me faut donc patienter jusqu’à cinq heures du matin. Dans cette situation je sais comment faire: Je marche lentement, je m’assied de temps en temps, je flâne, regarde autour de moi en contemplant, faisant chaque geste à l’économie et m’installant dans une douce somnolence éveillée.

  Et surtout je fais exactement ce que j’ai envie de faire : je vois un boulevard qui descend doucement, désert, apparemment calme et sombre, avec des arrêts de bus : j’y vais. Devant l‘un d‘eux, je vois un banc plat et assez long ( si si, ça existe encore, je le jure! ) et je m’y assied pour somnoler.

  Dans ce cas je ferme les yeux et me laisse aller au sommeil dans l’abandon le plus total possible. Comme la situation est quand même précaire, une fois la vague de fatigue passée l‘instinct de conservation envoie une décharge d‘adrénaline qui réveille comme milles réveils matins. Cela s‘appelle faire un micro sommeil. Il peut être très court et valoir une heure de sommeil quand il est bien fait et bien vécu.

  Après une demi-heure, j’ai froid et je m’ennuie. Oh! Et bien aller, je retourne à la gare. Sans but précis, bien sûr. Il est deux heures du matin, les bars sont fermés ou ils ferment. Même les SDF qui dorment sur le très large et long trottoir de la gare semblent avoir presque disparus. « Presque » évidemment car ils sont assez nombreux pour qui’ il soit toujours possible d’en voir au moins un.

  Mais en pleine nuit ce sont de véritables zombies, toujours dans la même attitude : marchant à pas centimètriques vers une destination qui n’existe pas, la tète penchée sur le sol, animée d’un hochement de dépit. Certains parlent en marmonnant, d'autres en riant à moitié. C’est indéfinissable comme tragédie absolue et pas tout a fait silencieuse.



  Puis soudain : un bar ouvert ! Allumé, avec des gens dedans, des jeunes, autant voire moins de vieux, des conversations doucement animées. C’est l’ambiance particulière et infiniment humaine des bar de nuit ouverts en permanence devant toute les grande gare.

  Après avoir été la victime des gentilles facéties d’un vieux serveur à favoris je fais la connaissance de trois jeunes dont un anglais. Discussion banale avec eux jusqu’ a ce que deux jeunes partent. L’anglais qui était resté semblait avoir toujours besoin de parler et me sollicite pour cela .

  Une conversation animée et très hésitante en anglais ( en fait il était espagnol ) s’engage. Je lui montre mes photos qu’il trouve très bien. Doucement cinq heures arrive et on part tous les deux vers la gare. Lui très vite et moi plus lentement. Je rejoins un quai gigantesque et prends le RER pour Goussainville.

  C’est curieux ce train de banlieue qui roule très lentement. Et aussi, il est à étage et possède cinq sièges en largeur ! Assis à ma place j’occupe le tiers de celle qui est à mon coté. Je voudrais bien voir ce wagon avec toutes les places occupées. I y a intérêt à ce qu’il n’y aie pas trop de gros et de claustrophobes !

  Dans la nuit nous arrivons discrètement à Goussainville. Sur le quai de la gare il y a des gens qui partent au travail. Au milieu d’eux je fais tache. Le gris de la nuit et des lieux n’illumine que très peu les bronzés et très bronzes que je croise. Ils me regardent comme un..…euh..… il faudrait le leur demander.

  Comme il pleut je suis assez dérouté d’autant plus que toutes les rues donnent sur de la banlieue déserte et peu ou pas éclairée. Il n' y a pas de carte. Je marche longuement au hasard et aboutit au « centre ville » de la ville. Au début c’était si petit que je ne pensais pas trouver de café. Mais si, Bien sûr ! En France là ou il y a des maisons il y a des troquets.


  Je m’installe donc dans ce bistro du Maroc (je voyage plus loin que je ne le crois ) commande un café et pose mon ordinateur sur la table pour écrire. Cela intrigue beaucoup les marocains autour de moi : Alors qu’il pleut un blanc avec un énorme sac à dos tout neuf arrive à huit heures quinze du matin, s’installe, sors un PC miniature et tape comme un fou sur le clavier.

  Après une demi-heure un vieux me demande des renseignements sur ma machine mais les autres se contentent de me regarder. Ils le font tous jusqu’à ce que je parte à dix heures trente. Une fois de nouveau dans la rue c’est assez difficile: trouver un plan, savoir ou je suis, savoir ou aller, comment y aller.. D’autant plus que mon objectif est assez éloigné de là où je suis, je m’en suis aperçu par la suite.

  Après avoir trouvé une carte dans un abris-bus et marché une demi-heure je trouve un emplacement pour stopper. Un jeune s’arrête et me dit que je ne suis pas du tout là où il faut et que je devrais aller à….  impossible de m’en rappeler après qu’il soit partit et que je rejoigne un plan de bus. Je reprend donc position à cet endroit probablement mauvais et après deux voitures qui m’ont accompagné à un point de stop qui pouvait me rapprocher du péage de l’autoroute A5 je m’y retrouve enfin.



  Au début ce point stop de péage semblait prometteur : suffisamment de voitures sur la voie d’accès où je suis, possibilité d’éviter le tohubohu devant les postes de péage en se mettant à l’arrière des barrières. Je pouvais admirer l’esplanade de sortie du péage et voir la maréchaussée essayer de renflouer le budget national.

  Après trois heures à faire bronzer mon pouce et mes bras je me dis qu’il y a quelque chose qui cloche. En réfléchissant je m’ aperçois que tous les gens qui passent devant moi sont des employés de Roissy et qu’ils avaient suffisamment de soucis pour ne pas s’occuper de moi.

  Je fais un essais devant le péage.……j’avais devant moi les cabines des semi-remorques qui démarraient avec des hochements de tète verticaux et des rugissements de moteurs surpuissants, menaçants comme des éléphants prêts à charger en un flot continu de décibels.

  Dans ce maelström l’odeur délicate et suave de l’oxyde de carbone tapissant l’air de quelque chose d’indescriptible et malsain. Je reviens donc à mon bien connu point stop de la bretelle et lève mon pouce de dix kilogrammes.

    Après une demi-heure il est seize heure et je commence à fatiguer et à m’impatienter : les automobilistes de la bretelle, ces chers employés de Roissy passent de plus en plus nombreux, sapés avec cravates et costards à sept milles sept cents cinquante euros et de moins en moins souriants. Les premiers au moins ne faisaient pas la gueule.

  Devant ce spectacle de l’industrie française en plein essors, je décide de revenir dans le tourbillon à la Bilal du devant du péage. Petit et penaud je lève mon pouce que je ne sens plus et, au bout de dix minutes, une voiture s' arretre et  un monsieur souriant me dit après que j’ eus ouvert la porte de sa voiture : « Belgique ? »


 

  Ouf….ouf….ouf….ouf…… Je le regarde. Trois secondes je ne dis rien . Je ne peut rien dire. Je souris. Je ne peux pas penser. Je parles donc. Je dis « oui, merci ». Mais pas platement, cela venait du cœur et du corps : physiquement j’étais indescriptible.

  Je m’assied dans le fauteuil de la voiture et retrouve mes repaires relationnels acquis après mes années d’animateur saisonnier. Notamment la capacité d’ avoir l’air joyeux et en forme quand on est vanné et « archi ras le bol ».

  Nous conversons sur mon voyage et là où je veux aller. Puis rapidement nous abordons le sujet ( LE SUJET je m’en suis aperçu par la suite à chaque fois que j’ai parlé longuement avec un belge ) : le conflit entre les francophones et les Néerlandais.

  Il m’a expliqué m’ai je n’ai rien compris comme tout auditeur censé ( je rigole ! ) le mécanisme de la mésentente entre les deux populations belges. Ce n’est pas facile de faire semblant de suivre. Enfin, le voyage est agréable dans cette voiture où même le tapis de pieds doit coûter autant que mon équipement au complet.

  Trois heures après il me dépose à un arrêt de bus à Gand, il est vingt et une heures et je commence joyeux comme un papillon la deuxième partie de mon voyage : la visite touristique.

 

 

 

                                                          FIN DU VOYAGE !


Pour revenir au blog principal cliquez


http://remyphotos183.canalblog.com/


Publicité
Publicité
JDM Dunkerque
Publicité
Publicité